Il n’est pas rare de recevoir des avis d’ébullition ainsi que des communications qui demandent de faire couler l’eau avant de la consommer. Ces mesures sont prises par les municipalités lorsqu’elles détectent un risque de contamination dans le réseau d’eau potable. La question suivante se pose alors ; quels sont ces contaminants ?
Les produits chimiques perfluorés (PFAS)
Les produits chimiques perfluorés sont une famille de composés chimiques présents dans de nombreux items du quotidien. Ceux-ci se trouvent notamment dans les emballages alimentaires, les pesticides, la peinture et les produits résistants à l’eau et aux tâches1. C’est en étant absorbés par le sol et transportés par la pluie que les PFAS se retrouvent ensuite dans le réseau d’eau potable2.
Selon une étude réalisée par l’Université de Montréal, c’est 99,3% de l’eau potable au Québec qui contient des PFAS. La consommation de PFAS à long terme peut engendrer des problèmes de
santé tels que des risques de cancers et une diminution du système immunitaire3.
Le plomb
Le plomb peut se retrouver dans le réseau potable à la suite d’une dissolution de plomb déjà présent dans la tuyauterie et dans les soudures. Dans les années 1940 et 1950, il n’était pas rare de voir de la tuyauterie de plomb être installée. Toutefois, le Code national de plomberie limite maintenant son utilisation.
Pour que la consommation de plomb ait un réel effet sur la santé, il faut que celle-ci soit régulière, sur le long terme ou de grande concentration. Une telle consommation pourrait occasionner des vomissements, de l’anémie et des étourdissements4. Toutefois, pour une consommation ponctuelle et de faible concentration, les risques pour la santé sont minces5.
Les trihalométhanes (THM)
Les THM sont des substances chimiques qui se forment lorsque de l’eau chlorée entre en contact avec des substances organiques. Puisque c’est un contaminant très volatile qui se dégrade dans l’air, sa concentration dans le réseau d’eau potable peut varier selon les manières et les produits qui sont utilisés pour la traiter.
Au Québec, l’eau est traitée et analysée afin que la moyenne annuelle de THM dans l’eau ne dépasse pas les 80mg par litre. Cette réglementation est d’ailleurs la plus stricte au Canada. Puisque la quantité permise de THM dans l’eau est faible, il faudrait en consommer une très grande quantité pendant plusieurs années pour en percevoir les effets sur le corps6.
Les microplastiques
Les microplastiques se forment lorsque des objets comme des pailles, des pneus ou des sacs à usage unique se dégradent dans l’eau. Cela crée des petites fibres de plastique qui passent à travers le processus de filtration de l’eau et qui se retrouvent dans le réseau d’eau potable7.
Puisque les études sur les effets des microplastiques sur le corps sont récentes, des interrogations demeurent. Toutefois, les experts estiment que ceux-ci pourraient avoir un impact sur les organes et sur le système reproducteur8.
L’E. coli
Les bactéries d’E. coli sont des contaminants qui proviennent des matières fécales et qui sont ensuite transportées dans le réseau d’eau.
Consommer de l’eau contaminée par l’E. coli peut engendrer des vomissements, des nausées et des diarrhées9. Dans des cas plus sévères, l’E. coli peut mener jusqu’à la mort10.
Pour en apprendre davantage sur les effets de cette bactérie, nous vous invitons à consulter cet article de Darspec : Tragédie de Walkerton: pourquoi protéger l’eau potable?
Pour conclure, même si les effets des contaminants sur la santé sont plus souvent visibles à long termes, ces derniers peuvent tout de même affecter les personnes à santé vulnérable à la suite d’une consommation sur le court terme. Toutefois, il est important de mentionner que les usines de filtration travaillent continuellement afin de filtrer et d’éliminer adéquatement les contaminants dans l’eau. Le rôle des propriétaires de bâtiment embarque alors ; celui de protéger à leur tour le réseau d’eau potable. Il serait dommage de gaspiller et de contaminer l’eau pour laquelle les municipalités mettent autant d’efforts. En tant que propriétaire, gestionnaire ou usager, que faites-vous pour protéger et économiser l’eau potable dans votre bâtiment ?
Article par Marianne Raymond, publié le 5 août 2024, provient de Darspec.
Références :
1. Institut national de santé publique du Québec. (2023, août 17). PFAS : définition et utilisation. Récupéré sur Gouvernement du Québec: https://www.inspq.qc.ca/pfas/pfas-definition-et-utilisation
2. DiproClean. (s.d.). Les PFAS sont des polluants éternels qui menacent notre santé : quelles sont les solutions pour les éliminer dans votre environnement ? Récupéré sur DiproClean: https://www.diproclean.com/pfas-polluant-eau-potable-eliminer-solutions-pxl 167_202.html#:~:text=au%20charbon%20actif-,Qu’est%2Dce%20que%20les%20PFAS%20%3F,eau%20et%20%C3%A0%20la%20graisse
3. Université de Montréal. (2023, février 27). PFAS présentes dans l’eau potable au Québec : cinq
municipalités en eau trouble . Récupéré sur udem nouvelles : https://nouvelles.umontreal.ca/article/2023/02/27/pfas-presentes-dans-l-eau-potable-au-quebec-cinq-municipalites-en-eau-trouble/
4. Gouvernement du Canada, (2019, mars). Recommandations pour la qualité de l’eau potable au
Canada : document technique – le plomb. Récupéré sur Gouvernement du Canada : https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/publications/vie-saine/recommandations-pour-qualite-eau-potable-canada-document-technique-plomb/document-reference.html#a9.1
5. Gouvernement du Québec. (2021, mars 26). Plomb. Récupéré sur Gouvernement du Québec: https://www.quebec.ca/agriculture-environnement-et-ressources-naturelles/eau-potable/contamination-eau-reseau-distribution/plomb
6. Institut national de santé publique du Québec. (2022, décembre). Trihalométhanes. Récupéré sur
Gouvernement du Québec: https://www.inspq.qc.ca/eau-potable/trihalomethanes
7. Kinetica. (2024, avril 12). Que sont les microplastiques ? . Récupéré sur Kinetico: https://resourcecenter.kinetico.ca/fr/problemes-courants-relatifs-a-l-eau/les-microplastiques-dans-l-eau/
8. Legault, J.-B. (2024, janvier 23). L’eau embouteillée contiendrait de grandes quantités de lastiques microscopiques . Récupéré sur La Presse: https://www.lapresse.ca/actualites/sciences/2024-01-23/l-eau-embouteillee-contiendrait-de-grandes-quantites-de-plastiques-microscopiques.php
9. Gouvernement du Québec. (2016, août 22). Escherichia coli (E. coli), coliformes fécaux ou
entérocoques – Avis d’ébulition. Récupéré sur Gouvernement du Québec: https://www.quebec.ca/agriculture-environnement-et-ressources-naturelles/eau-potable/contamination-de-leau-reseau-de-distribution/e-coli-coliformes-fecaux-ou-enterocoques
10. Institut Pasteur. (2024, février). Escherichia coli entérohémorragiques (ECEH). Récupéré sur
Institut Pasteur : https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/escherichia-coli